L’accident de travail se définit comme un évènement ponctuel, non prévu, provoquant des lésions corporelles chez une ou plusieurs personnes, du fait d’une action professionnelle. Il est inévitablement la mise en évidence concrète d’un dysfonctionnement au sein de l’entreprise qui engendre à la fois des coûts économiques et sociaux. Par définition donc, il est difficilement incorporable dans une analyse préventive, car il n’est jamais volontaire. En revanche, l’analyse est tout de même indispensable pour 3 raisons :
- évaluer l’efficacité d’une action menée, ou du responsable de sécurité ;
- trouver les causes générales pour mettre en place des actions préventives ;
- estimer financièrement la part des accidents de travail dans l’absentéisme, la rotation du personnel et la productivité des équipements ou de la main-d’œuvre.
Nous présentons la méthode ici en émettant tout de même des réserves. En effet, pour chaque accident de travail, il y a toujours des facteurs différents, qui ne sont pas forcément liés uniquement à l’entreprise. Par exemple, certaines catégories professionnelles seront inévitablement plus touchées. De plus, la méthode repose sur les déclarations des accidents de travail et des arrêts en découlant. Mais on sait tous que dans les entreprises, tout n’est pas déclaré, il y a souvent une différence entre la déclaration et la réalité des faits, pour ne pas que l’entreprise subissent trop de conséquences pas exemple.
Pour toutes ces raisons, il est nécessaire de bien veiller à ne pas faire de regroupements d’accidents de travail qui semblent similaires trop hâtivement, et des conclusions ne doivent pas non plus être tirées systématiquement.
Ces remarques faites, il est tout de même intéressant de donner aux dirigeants un aperçu de la méthode pouvant être mise en place, s’ils veulent travailler sur ce point.
Tout d’abord une analyse quantitative peut être menée. Il s’agit de déterminer :
- les caractéristiques des accidents de travail.
Pour chaque accident répertorié, il est utile de relever l’endroit de lésion sur le corps de l’accidenté, le lieu où l’accident s’est produit, la date et l’heure, et le type d’opération en cours au moment de l’accident. Cela permet de mettre en évidence les zones de risques les plus élevées au sein de l’entreprise. Généralement, le risque est plus important par exemple dans les zones de frontières entre deux services, ou lorsque des employés de deux équipes différentes travaillent ensemble. Il est à noter que les accidents de travail ont lieu plus souvent dans la réalisation des tâches secondaires plutôt que les principales.
- les corrélations avec certains facteurs.
Deux types de facteurs peuvent avoir un impact dans la survenance d’un accident de travail. Il s’agit des travailleurs eux-mêmes, ou de la situation de travail. Dans le premier cas, certains points comme l’âge, la qualification de l’employé, le contrat de travail qui le lie à l’entreprise peuvent être considérés comme déterminants. Dans la situation de travail, les points à analyser sont les types de tâches effectuées, les équipements utilisés, les conditions de travail ou encore le lien à la hiérarchie. Pour déterminer ces facteurs, il est conseillé de comparer un groupe à haut risque d’accident de travail (repéré dans la partie précédente), à un groupe à faible risque et de rechercher les facteurs qui les différencient. Nous nous posons tout de même la question de la pertinence de cette méthode car comme nous l’avons expliqué plus haut, les regroupements sont à faire avec beaucoup de précautions, et comme les facteurs peuvent être très variables, il est nécessaire d’être prudent dans nos conclusions.
- les conséquences des accidents.
Cette partie est déterminante car c’est en repérant ces points que l’analyse économique des accidents de travail sera la plus pertinente. Il s’agit donc de repérer tout d’abord l’interruption de travail de l’accidenté ainsi que des autres salariés (salariés secouristes, salariés dont le matériel a été endommagé dans l’accident, revendications des salariés suite à l’accident…). De plus, il faut évaluer le temps passé pour l’enquête, les éventuelles sanctions pénales et les cotisations sociales liées aux accidents de travail. L’analyse financière est chiffrée par le montant de toutes ces conséquences.
Attention, certains points doivent être appréhendés avec prudence. Par exemple, la détérioration d’un matériel peut être une cause et non une conséquence de l’accident de travail, et dans ce cas, elle ne doit pas être imputée à son coût.
La méthode ici ne nous semble pas pertinente à 100%. En effet, elle nous a semblé utile pour donner des pistes de réflexion aux dirigeants qui désirent approfondir la recherche des causes des accidents de travail, mais le lien ne nous parait pas vraiment clair entre tel facteur et telle conséquence. En effet, pour trouver le facteur déterminant, l’unique solution proposée dans les articles que nous avons lus semble être la comparaison entre des groupes avec un risque élevé d’accident de travail, et d’autres à risque faible. Mais, les facteurs des accidents sont tellement aléatoires que des conclusions ne peuvent être vraiment tirées de ces travaux. Un accident peut même seulement être le fruit du hasard, alors il pourrait être coûteux pour l’entreprise de lancer une action préventive suite à une conclusion basée sur quelques comparaisons. Cette analyse des accidents de travail ne doit par conséquent pas être menée seule, mais elle peut être intéressante en complément de l’analyse des autres points de la méthode que nous avons détaillée tout au long de ce blog. Par exemple, les accidents de travail peuvent représenter des coûts importants dans le dysfonctionnement qu’est l’absentéisme, ceci peut donc l’expliquer en partie. Nous conseillerions donc peut-être aux dirigeants de mener cette étude après avoir travaillé sur le reste, et après avoir eu l’intuition que cela en valait la peine.
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